Ô ma plume, lorsque je te prends, au soir, je vois en toi une beauté sans égale. Tes vexilles dorées sont tels les rayons du soleil et réchauffent mon âme. Apparemment immobiles mais toujours en mouvement, tes barbules sont la preuve de ton élégance et de ta légèreté. Ta posture, n’est point raide comme le disent certains, mais noble et gracieuse.
Doucement, le soir tu te lèves et prends ton envol. Ta silhouette élancée se met alors à valser avec légèreté sur le papier, écrivant les pensées d’un être opprimé.
Tu me sauves la vie, ô compagne nocturne, car quand avec toi j’écris, mes douleurs j’oublie. C’est alors à ton tour de souffrir. Lentement, tes larmes tombent sur le papier, dessinant des mots reflétant mes pensées. Tes larmes noires envahissent alors la feuille si pure, lui transmettant mon chagrin.
De temps en temps, des tâches de sang se forment sur la page. Ce sont tout d’abord des points, puis ton sang coule jusqu’à former une traînée derrière toi. Tu écris à présent avec ton sang, tant ma douleur te blesse.
Peu à peu, ton sang cesse de couler au fur et à mesure que ma douleur s’assèche. Tu cesses alors cette danse infernale, celle qui te blesse & me guérit, celle qui nous tient éveillées toute une nuit. Il est à présent l’heure où le jour se lève. Toi, mon amante diurne, retournes dans ton berceau qui te gardera de ma peine, pendant que moi, personnage chagriné, me lève pour une nouvelle journée...